Une nécropole oubliée dans une vallée verte, entre ciel liquide et pierres d’éternité. Ici, le silence devient paysage.
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Il y a des lieux dont personne ne parle, parce qu’ils ne veulent pas être nommés. Pantalica est de ceux-là. Un sanctuaire naturel suspendu entre deux gorges, au sud-est de la Sicile. Une vallée encaissée, couverte de myrtes et de lauriers, que surplombent des milliers de tombes creusées dans la roche.
Les Anciens venaient y enterrer leurs morts. Aujourd’hui, on y vient pour écouter les vivants. Le vent qui remonte l’Anapo, les oiseaux qui traversent la falaise, les ruines qui chuchotent des noms qu’on ne connaît plus.
Il n’y a pas de panneau. Il faut marcher, descendre, glisser parfois. Traverser un pont suspendu. S’éloigner de la carte. Et soudain, tu y es. Le soleil filtre à travers les branches, l’eau glisse sur les pierres, et le silence… ce silence.
Mais ce silence n’est pas vide. Il est peuplé. D’histoires, de croyances, de rites oubliés. La nécropole de Pantalica date de l’âge du bronze. On y compte près de 5000 tombes rupestres. Certaines n’ont jamais été ouvertes. On dit que certains villageois du XIXe siècle y passaient la nuit pour parler aux morts.
Sous l’occupation grecque, la vallée devient un refuge. Puis un sanctuaire byzantin. Au Moyen Âge, les ermites y creusent des chapelles dans la roche, comme à Matera. Les murs parlent encore. Un Christ aux bras étendus, une vierge au regard noir.
L’accès à Pantalica est un voyage en soi. Le sentier le plus connu part de Sortino, en serpentant parmi les figuiers sauvages. Une autre route, plus secrète, vient de Ferla. Elle passe par un ancien chemin de muletier, entre des murets à sec et des chênes-lièges. En chemin, tu peux croiser des renards, des faucons, et même des tortues terrestres.
Tu peux aussi suivre l’ancien tracé du train, aujourd’hui reconverti en voie verte. Un tunnel, puis un pont en fer forgé. Et la vallée s’ouvre devant toi comme un livre non écrit.
Pantalica est souvent comparée à Petra, en Jordanie, pour son mystère et ses falaises habillées de cavités. Mais ici, pas de touristes, pas de guides. Juste toi, la pierre, le ciel.
Prends un moment. Assieds-toi sur une marche taillée par le temps. Respire. Tu es entouré de morts, mais tu n’as jamais été aussi vivant.
La Sicile te donne parfois des lieux comme celui-ci. Non pour les voir, mais pour les habiter. Pantalica n’est pas une destination. C’est une initiation.
Va tôt le matin, seul. Prends de l’eau, un carnet. Laisse la vallée te parler. Tu n’en reviendras pas tout à fait le même.
